Rien de bien méchant, les gens y sont habitués, et afin de ne pas trop perturber les touristes et les habitants des précautions sont prises : les magasins sont fermés avec une sorte de plaque étanche, les vénitiens et touristes prévoyants revêtent de hautes bottes de pêcheurs ou des sacs plastiques, et les autorités installent des planches de bois montées sur des tréteaux de métal afin de créer un passage sec dans les endroits où les foules se massent.
Cependant les prévisions indiquaient que les inondations du 31 octobre et du 1er novembre allaient être assez importantes...(apparement la plus haute marée depuis 22 ans...)
C'est ainsi que, vers 20 heures, se mit à résonner dans la ville cette sirène, étrange et mystérieuse...
Imaginez... la ville est sombre, presque déserte, et retentit cette alarme lourde, inquiétante.
A ce moment là, j'étais dans l'appartement de mes nouveaux amis Irlandais, dans le quartier du Rialto. Après avoir dîné et passé la soirée ensemble, je décidai de rentrer à l'auberge de jeunesse. Patrick me proposa de rester passer la nuit sur place, car dehors le temps était à l'averse, et l'eau aux genoux...
Et moi, refusant en riant, "mais non, ça va être marrant de rentrer en voyant Venise inondée !"
Heureux les simples d'esprit...
Me voilà donc, vers 1 heure du matin, pieds nus, le pantalon retroussé, le sourire aux lèvres, paré à affronter le déluge.
Le déluge... il est certain que cela devait s'en rapprocher...
Une pluie battante, de l'eau jusqu'à mi-cuisse à certains endroit; les commerçants, en grande hâte, écopaient l'eau hors de leurs magasins, à grands renforts de seaux et de pompes... Les planches de bois, sensés prodiguer un chemin au sec, flottaient puisque l'eau, montée trop haut, avait dépassé la hauteur des tréteaux...
Après un quart d'heure de marche assez pénible j'arrivais à l'arrêt du bateau sensé m'amener vers mon auberge...
Après une attente d'une quarantaine de minutes, il arriva enfin. J'étais trempé, frigorifié, mais j'allais être au sec d'ici peu.
Le sort en avait décidé autrement...
Le capitaine du bateau m'expliqua que le niveau de l'eau était bien trop haut pour pouvoir passer un des ponts de la ville, qui en conséquence barrait la route pour arriver jusqu'à la partie de l'île où se trouvait mon auberge. A cette annonce vous comprendrez que je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher un gros "Meeeeeeerde !", cela va de soit.
Le mec m'explique alors qu'il va me déposer à un autre arrêt, où je pourrai attendre une hypothétique navette pouvant peut-être m'amener vers mon coin, inch'allah. A 2 heures 30 du matin, grelotant, dans une partie de la ville que je ne connaissais absolument pas, ça faisait beaucoup de peut-être à mon goût.
Je pris la décision de me remettre à marcher assez rapidement, car je devenais vraiment froid...
Au hasard, un peu hébété. J'avais vu des églises ouvertes, remplies d'eau, les bancs et les bibles flottant doucement, et je décidais donc de partir à la recherche d'un quelconque asile qu'une âme chrétienne serait disposée à me fournir...
Mais le Seigneur, préférant sûrement m'épargner la contrainte de dormir dans une sacristie trempée, envoya un bon samaritain à ma rescousse...
Marco, Vénitien aillant également fait le choix de rentrer sous la pluie les pieds dans l'eau (mais avec des bottes, pas con le mec) avait du me voir, pieds nus, tremblotant, marchant au hasard, et est spontanément venu m'aider.
Parlant un français nickel après un Erasmus en Bretagne, le voilà qui me guide jusqu'à notre île.
Quarante minutes de marche plus tard, nous voilà dans un bateau, pour enfin arriver vers 4 heures du matin à destination. Presque. Il me fallait encore à rejoindre l'auberge. Mais non content de m'avoir montré le chemin, Marco me dispensa de cette dernière entreprise en m'invitant à passer ce qui restait de la nuit chez lui...
Exténué, gelé, mais enfin sec et revigoré par la grande sympathie de Marco, je fermai les yeux en revoyant Patrick me proposant de passer la nuit sur ce canapé de leur appartement...
Excellent !!
RépondreSupprimerMais alors le coup de l'italien parlant parfaitement français car ayant fait erasmus en Bretagne, ça c'est énorme... Non mais franchement, combien y avait-il de chance pour que ça arrive un truc pareil ??
Bref, on voit que les italiens sont chaleureux !!
@ +
Laurent