Puisque j'entre sur le territoire Croate, se pencher sur l'histoire pourrait être intéressant.
Silence dans la classe, ouvrez vos livres pages 47.
A la fin de la première guerre mondiale, en Décembre 1918, se constitue le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, réunissant donc les trois habitants de ces royaumes (ainsi que du Montenegro) sous une seule et même monarchie constitutionnelle dirigée d'abord par le roi Pierre 1er, puis á partir de 1921 par son fils Alexandre 1er de manière beaucoup plus dictatoriale (celui-ci, avant de monter sur le trône, avait prit soin de faire dissoudre le parti communiste; la révolution Russe avait dû lui donner des cauchemards).
En 1929 la constitution est abolie et Alexandre 1er rebaptise le pays "Royaume de Yougoslavie". Celui-ci comprenait les territoire des actuels Etats de Bosnie-Herzégovine, de Serbie, du Monténégro, de la Macédoine, et la majeure partie des actuelles républiques de Slovénie et de Croatie.
Pour l'anecdote, le sympathique Alexandre 1er sera assassiné ä... Marseille, en 1934. Son fils, Pierre II de Yougoslavie devient alors roi, sous la régence du prince Paul de Yougoslavie.
J'en vois qui ne suivent pas au fond, un peu d'attention je vous prie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Hitler envoie un ultimatum à la Yougoslavie et au prince Paul : ou bien la Yougoslavie adhère au traité tripartite (avec l'Allemagne, l'Italie et le Japon) ou bien c'est l'invasion du royaume. Le prince Paul accepte et signe le traité que l'Allemagne nazie lui impose. Sous fond de patriotisme une révolte populaire éclate, soutenue par des généraux ainsi que par la Grande-Bretagne (ça commençait ä faire beaucoup de puissance pour les forces de l'Axe si la Yougoslavie était annexée...).
Pierre II, ä 17 ans, monte sur le trône, mais promet (pour gagner du temps ?) au Reich de signé le traité.
Hitler n'attendra pas et attaquera simultanément la Yougoslavie et la Grèce peu de temps après.
La Yougoslavie tombera peu ä peu jusqu'á la capitulation le 17 Avril 1941.
L'Allemagne démantèle alors la Yougoslavie. Les Etats deviennent des satellites du troisieme Reich, avec á leurs têtes des partis nationalistes ou fascistes (comme les tristement célèbres Oustachis Croates), mettant en place lois raciales, camps de travaux et de concentrations, et doctrines nationalistes totalitaires.
Une résistance commence alors avec les fameux "Partisans" communistes, menés entre autres par Josip Broz Tito, retenez le nom. D'une organisation populaire et informelle les Partisans évoluèrent en une armée de plusieurs centaines de milliers d'hommes ( les Partisans avaient comme avantage de ne pas baser leur militantisme sur la défense de l'identité ethnique, ce qui leur permettait d'attirer des membres d'autres communautés que les Serbes, qui composaient majoriterement le mouvement initial).
La reconquête du territoire Yougoslave se fait peu ä peu, avec le soutient logistique des Britaniques puis ä partir de 1944 avec celui des Soviétiques. En octobre, le gouvernement collaborateur Serbe cessa d'exister, vaincu par la résistance communiste. En Mai 1945 les oustachis Croates abandonnent le pouvoir.
À la fin du conflit, les effectifs des troupes de Tito étaient estimées à 800 000 hommes...
Josip Broz Tito |
La Yougoslavie est d'abord l'alliée naturelle de l'URSS de Staline, et adopte une politique interne dure : répression et exécutions des opposants politiques, des anciens collaborateurs (ou suspects de collaboration), de membres du clergé (surtout de l'église catholique Croate, accusés d'avoir supporté les Oustachis et sympathisants au régime nazi). Collectivisation des terres, nationalisations des entreprises et des industries. Création d'organisation agricoles proche des Kolkhozes russes.
Des plans quinquennaux de reconstruction et de modernisation du pays sont lancés, et le culte de la personnalité du Maréchal Tito, basés sur son passé de résistant et sa supposée clairvoyance en tant que chef suprême, gagne une grande ampleur.
Serrez les dents on a presque fini.
La relation avec l'URSS se dégrade rapidement. Staline ne voit pas d'un bon oeil le succès apparent de Tito ainsi que certains de ces choix politiques, trop éloigne du modèle soviétique. Il désavoue le gouvernement Yougoslave en tentant de déstabiliser le régime, ce qui fut un échec complet. Tito purgera le parti des sympathisants staliniens, appuyé par une grande majorité de cadres du PC Yougoslave...
A partir de ce moment la Yougoslavie va devenir un état communiste unique en son genre. De part sa rupture avec l'URSS, elle devient "fréquentable" par l'Ouest et reçoit des aides financières, en partie de la part des Etats-Unis. En contrepartie elle accepte de resoudre certaines tentions de manière pacifique (la possession de Trieste, l'abandon du soutient aux communistes Grecs...) et reste neutre dans la bipolarisation du monde :
Tito lancera le "mouvements des non-alignés", refusant de choisir entre USA ou URSS...
Le drapeau Yougoslave |
En complète opposition avec l'étatisation massive soviétique, la Yougoslavie choisi un modèle d'autogestion de la production, entraînant une plus grande autonomie des entreprises et des usines. L'Etat Yougoslave ne possède pas à proprement parler des moyens de production, et laisse une plus grande marge de manoeuvre a la gestion locale. Cet état de fait entraîne un rapprochement avec une forme d'économie de marché...
Les résultats sont relativement probants et la population Yougoslave connaît une élévation notable du niveau de vie. La notion de rentabilité est progressivement mise en place, et les entreprises étrangères peuvent s'installer sur le territoire.
Si on ajoute à cela le fait que les habitants de la fédération étaient libres de déménager et de s'installer ailleurs (et de quitter le pays facilement) on comprend l'énorme fossé politique qui séparait la Yougolsavie des autres pays communistes...
Mais les choses vont se dégrader rapidement. Les dissensions internes sont nombreuses quand aux choix idéologiques et économiques que le gouvernement prend. Les volontés nationalistes se réveillent avec la décentralisation du pouvoir; paradoxalement le prestige de Tito est toujours énorme et son image
semble être la seule figure de stabilité de la fédération. Le choc pétrolier de 1979 se fait fortement ressentir avec une récession très importante...
Tito décède en Janvier 1980. L'absence de pouvoir exécutif fort et le système d'autogestion ralentissent énormément le fonctionnement du pays. Les tensions nationalistes grandissent rapidement et les volontés séparatistes se font sentir.
A la fin des années 1980, la dette extérieure atteint 20 milliards de dollars et l'inflation avoisine 200 %, tandis que le pouvoir d'achat a diminué de moitié. En février 1989, l'économie du pays est paralysée par une grève générale.
Les partis politiques sont légalisé dans les républiques de la fédération.
La Yougoslavie éclata en 91, lorsque la Slovénie et la Croatie déclarèrent leur indépendance. S'en suivront les terribles années de guerre qui feront rage pendant des années dans les Balkans.
Beaucoup de gens que je croise parlent avec une relative nostalgie de la Yougoslavie et du socialisme de Tito. Un certain prestige international entourait la fédération, aujourd'hui disparu (les Slovènes, mais surtout les Croates et les Serbes que je rencontre parlent assez durement de l'effondrement de leurs pays et de la pauvreté économiques qu'il ressentent). Même si il est indéniable que le fonctionnement autoritaire d'un pays socialiste entraînait beaucoup de problèmes et de difficultés (entre autres, liberté politique, religieuse et culturelle...) la Yougoslavie me paraît être quelque chose d'assez unique et extrêmement intéressant à aborder. Une volonté fédératrice de peuples et de cultures diverses, un fonctionnement économique original, un non-alignement sur les grandes puissances, etc...
Une aberration pour certains, un rêve déchu pour d'autres...
Et bien que les contextes soient très différents, en lisant et en apprenant plus sur ce moment d'histoire je ne peux m'empêcher de penser... à l'U.E.
Carte de la Yougoslavie |
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