samedi 29 décembre 2012

Départ de la Serbie


Mon passage en Serbie sera quelque chose que je garderai en mémoire; me voici néanmoins sur le départ pour la Bulgarie.
Mais... le système ferroviaire Serbe ne m'a pas laissé quitter le pays aussi facilement que prévu...
Le train pour Sofia devait arriver ã 13h et coûter environ 7€ (800 Dinars Serbes). Parfait !

Je regarde les horaires sur internet juste avant de quitter la maison de Maria; le site précise que le train aura 10 minutes de retard... rien de bien grave.
J'arrive en avance ã la gare afin d'acheter le billet, et lã le mec au guichet, qui ne parle pas UN mot d'anglais (comme le reste des employés) m'écrit sur un bout de papier le prix : plus de 12€. Je me dis qu'il essaye peut-être de me refourguer un ticket de première classe, alors j'essaye de lui faire comprendre que je veux le moins cher. Il dit que non.

J'arrive ã comprendre par ses gestes que c'est un train-couchette. Je montre la pendule en haussant les épaules : ã quoi bon un train-couchette en plein milieu de la journée ? Le mec fait "non" de la tête, pose son doigt sur le 1, puis fait un tour complet du cadran et s'arrête sur le 2. Révélation : le train part ã 2h du matin et arrive ã 6h ã Sofia. Tatata, me voila bien attrapé (et je reste poli). Pour résumer : il y a deux trains par jour entre la Serbie et la Bulgarie... en été. Puis un seul pendant l'hiver, et de nuit. Mais le site internet de la compagnie ferroviaire continue de montrer les deux trains, et publie même des retards et des ralentissements sur le train inexistant ! Un miracle de précision...

Comme j'étais attendu ã Sofia, je me suis dirigé jusqu'ã la gare routière située ã quelques bornes de lã, puis j'ai pu trouver un bus m'amenant dans la capitale Bulgare.
Où je suis arrivé avec seulement trois heures de retard...

Adieu Serbie, c'est avec un pincement au coeur que j'ai franchi ta frontière pour la seconde fois...


vendredi 28 décembre 2012

Serbie (3) : Niš


Belgrade a vraiment été une belle surprise. Cette ville restera définitivement un point central de mon voyage. Elle constituera également une sorte de charnière; elle m'a donné la sensation d'arriver sur le palier Oriental du continent Européen.
A mon départ pour le sud de la Serbie je me suis senti légèrement mélancolique. Milena, pour me souhaiter une bonne route, avait sorti une bouteille de Rakija dont nous avons bu plusieurs verres; la chaleur de l'alcool ne contrebalançait pas totalement le vague ã l'âme que je ressentais alors que le bus qui m'emmenait ã Niš m'éloignait chaque seconde un peu plus de la capitale Serbe.

Mais l'excitation inhérente ã chaque départ, le frisson qu'une destination inconnue vous réserve; tout cela procure une ivresse supérieure aux vapeurs de n'importe quelle liqueur : elle permet en effet d'effacer la tristesse du départ et de la remplacer par la joie de la route. Qui sait ce qui se trouve au bout du chemin, et pour être honnête, est-ce important ? Quand le vent frais s'engouffrant par la fenêtre vient fouetter mon visage, tout chargé de parfums et de désirs encore inconnus, je me sens plus vivant que jamais, et cette sensation enivrante que le voyage me permet d'atteindre me rappelle pourquoi je suis parti et ã quel point il est beau de continuer.

Bon faut se rendre ã l'évidence : après Belgrade, Niš est... moche. A mon arrivée il pleut et il fait très froid. Ce qui égaye un peu mon arrivée c'est qu'une prof de Français m'a contacté et m'a proposé de m'héberger.
Maria est venue me chercher ã la gare. Son français est impeccable, et c'est un plaisir de délaisser l'anglais pendant quelques jours...




Je ne vais pas vraiment m'attarder sur la ville de Niš; j'y ai passé de très bons moments mais l'endroit en lui même n'a pas grand chose d'exceptionnel...

Il existe cependant ã Niš un bâtiment qui attirera l'attention du voyageur... 
Lamartine lui-même, alors qu'il voyage ã travers la Serbie, découvre par hasard l'ignoble architecture de cette tour...
Une nuit, alors qu'il arrive sur les plaines aux abords de la ville de Niš, il aperçoit de loin une tour blanche aux reflets brillants; il pense alors que celle-ci est probablement faite de marbre. İl décide de prendre du repos tout contre cette tour mystérieuse et s'assoit donc dos ã sa façade. C'est en levant les yeux que glacé d'effroi il comprend que les reflets brillants ne sont pas dus ã de la pierre, mais... aux crânes humains qui constituent en réalité les différents étages de la tour... 
Lamartine écrit que le vent soufflant ã travers les orbites produisait un son triste et plaintif, comme un dernier gémissement prisonnier du temps...

Ćele Kula, littéralement "Tour des crânes", a été bâtie en 1809, après qu'une révolte Serbe contre l'envahisseur Ottoman se soit soldée par une explosion volontairement provoquée par l'un des commandants des forces Serbes rebelles. L'explosion emporta les derniers survivants Serbes et un grands nombre de soldats Ottomans. Fou de rage, le sultan Mahmud II ordonna qu'on décapite les corps des soldats Serbes, et afin d'épouvanter la population et de dissuader quiconque voulant s'interposer ã la puissance Ottomane, de construire une tour et d'y incruster les crânes, préalablement écorchés...





La tour est aujourd'hui au milieu d'une chapelle (construite après le départ des Ottomans) de manière ã la protéger des intempéries, et afin de donner une sorte de sépulture aux derniers crânes subsistants. La plupart ont étés volés, soit pour être enterrés soit pour devenir d'étranges objets de collection...

Je précise que la photo n'est pas de moi, je n'ai pas osé sortir mon appareil. Le lieu, même s'il est un endroit touristique, reste fort lugubre... Il faut imaginer qu'il y a 5 ou 6 étages comme ça... 




samedi 22 décembre 2012

Београд (3) : cicatrices


En 1996 éclate la guerre du Kosovo. Le Kosovo , alors province autonome de la Serbie,  est déchiré depuis des décennies (des siècles en réalité) par les tensions entre les deux communautés principales de la région : les Albanais (majoritaires) et les Serbes. Chacun revendique seul peuple légitime de ce territoire et considère l'autre comme un occupant étranger... 
En 1989 Slobodan Milošević réduit l'autonomie du Kosovo dans une volonté de réintégration dans une Serbie centralisée et afin de limiter l'influence Albanaise dans la région. Les protestations, d'abord relativement pacifiques, s'amplifient pour aboutir à un conflit ouvert entre Serbes et Albanais.

La communauté internationale intervient en 1999, d'abord diplomatiquement afin de forcer le retrait des troupes Serbes du Kosovo et d'engager des négociations avec le gouvernement Albanais. Devant l'échec des demandes et des ultimatum l'Otan intervient en bombardant plusieurs objectifs stratégiques et militaires sur le territoire Serbe entre Mars et Juin. Le gouvernement Serbe accepta alors le cessez-le-feu imposé par plus de 70 jours d'attaques aériennes...

Je ne pensais pas qu'en me promenant dans Belgrade je tomberai sur des restes aussi impressionnants des bombardements. Les bâtiments détruits (QG militaires, siège de la radio et de la télévision Serbe, et autres) sont pour la plupart restés en l'état; après plus 13 ans je pense que c'est volontaire de la part de la Serbie de laisser ses blessures apparentes. 




En plein centre-ville, les anciens Quartiers-Généraux de l'armée Serbe


Derrière les murs de bétons interdisant l'accès, la végétatiıon reprend ses droits sur ces terrains dévastés...

Beograd (2) : Bienvenue !


J'ai adoré Belgrade. Je me suis beaucoup promené dans cette ville; le temps était doux et je dois dire que je me suis senti vraiment bien dans la capitale Serbe. J'étais hébergé par une nana vraiment sympa, Milena (ce prénom me dit quelque chose...).
Elle révisait pour un examen important donc elle était assez occupée, mais le temps que nous avons passé ensemble a été vraiment agréable (nous nous reverrons peut-être à Istanbul où elle va passer le réveillon).
J'ai donc passé mes journées à me promener tranquillement et à découvrir la ville.
Le centre de Belgrade est moderne et s'affiche en véritable capitale Européenne. Le classicisme et l'architecture moderne se mélangent de manière harmonieuse. Les rues sont animées, vivantes, mais il est également possible de goûter à la tranquillité en regardant le jour s'étioler, dans un parc, au coté des vieux joueurs d'échecs...


Les principales villes Serbes possèdent une forteresse, et Belgrade ne déroge pas à la règle. Il est très agréable de se balader dans la forteresse Kalemegdan et de flâner dans son parc.


La cathédrale de Saint Sava (le fondateur de l'église Orthodoxe Serbe). L'histoire raconte qu'elle est construite à l'endroit où un général de l'Empire Ottoman brûla les restes de Saint Sava en guise de représailles aux révoltes Serbes contre la domination Ottomane, en 1594. La taille et les proportions de l'édifice sont assez impressionnantes; la façade est faite de marbre et de granit.


Une vue nocturne du marché principal de Belgrade


Tito est enterré à Belgrade, dans la "Maison des fleurs" : le sol de son mausolée était autrefois recouvert de bouquets apportés par de nombreux admirateurs venu de toute la Yougoslavie. Encore aujourd'hui des gens viennent (presque en pèlerinage, parfois) pour se recueillir sur sa tombe. Un musée de l'histoire Yougoslave (fermé pil poil pendant mon séjour dans la capitale...), ainsi que la collection assez impressionnante de cadeaux reçus par le "Camarade Maréchal", exposée dans une aile séparée, complètent la visite. 


La tour de Gardoš, dans l'ancienne ville de Zemun, aujourd'hui municipalité de Belgrade. Elle est le symbole de la présence Hongroise dans la région, narguant les forces Ottomanes jadis en possession de Belgrade, sur l'autre rive de la Save.
Zemun est vraiment superbe et je n'ai aucune photo décente, je ne sais pas comment je me suis débrouillé...


Le parlement Serbe


La Save (venue de Slovénie) et le Danube se rejoignent de manière grandiose à Belgrade.
(cliquez sur le panorama pour agrandir)


Le quartier des ministères


 Depuis la forteresse, à la tombée de la nuit. Sur l'autre rive de la Save on peut voir les lumières de Novi Beograd (Nouvelle Belgrade), construite dans le plus pur style d'architecture Soviétique... autant dire que l'esthétique est une donnée à oublier dans ce quartier...


J'adore cette statue, à chaque fois que je passe devant j'imagine que le mec est là genre : "Crèèèève saloperie de serpeeeeent" avec la voix de Sylvester Stalone.
Bah ouais quand on est seul on s'amuse comme on peut...

mardi 18 décembre 2012

Serbija (2) : Beograd


Je suis sur le quai de la gare de Novi Sad, attendant ce fichu train qui n'arrive pas alors que la température affiche plusieurs degrés en dessous de 0.
Dix minutes. Ça caille un max, mais je me dis que depuis mon départ les trains que j'ai pris ne sont jamais arrivés en retard, donc mathématiquement il faut bien que ça commence quelque part.
Quinze minutes. Ce quelque part c'est donc ici... je fume une cigarette pour patienter, et les volutes se condensent pour former un opaque nuage blanc. Mes pieds ne sont plus que deux pierres froides au bout de mes jambes.
Vingt minutes. Je commence à me demander si je ne me suis tout simplement pas trompé d'horaire. Mais sur le quai d'autres âmes frissonnantes scrutent l'horizon embrumé : nous sommes une bonne vingtaine à nous refroidir silencieusement.
Après une attende de presque 45 minutes, le voici enfin...
Les Serbes plaisantent souvent au sujet de la qualité du service ferroviaire, et je comprends maintenant pourquoi... le train est bondé, surchauffé et... lent. Plus de deux heures pour faire 150km. Mais qu'importe puisque me voici arrivé à Belgrade, la fameuse capitale Serbe.
Le brouillard est si épais qu'il m'empêche de voir à dix mètres devant moi, mais après le voyage j'ai besoin de me dégourdir les jambes. C'est presque à tâtons que je trouve l'auberge dans laquelle je passe la nuit...




Mais c'est pour mieux découvrir Belgrade au matin. Le temps est splendide, à l'image de la ville qui s'offre à moi...


samedi 15 décembre 2012

Faits divers Serbes


Dans les Kafanas, les tavernes Serbes, la Rakija (eau-de-vie, en général de prune) et la bière coulent á flot et la musique traditionnelle se fait entendre jusqu'à très tard... j'ai adoré cette ambiance. Il fait chaud, on boit, on fume, on parle et on rit fort, et l'accordéon et les guitares se démènent pour le plaisir de tous...


Voici l'emblématique YUGO, de la marque Serbe Zastava. Pour info, Zastava était une puissante corporation Yougoslave, alliée commerciale de Fiat...
D'après ce que j'ai compris, la qualité de la production locale a été très fluctuante...


L'emblème de la Serbie, l'aigle á deux têtes, ancien symbole monarchique conservé dans les armoiries du pays...


 Ça surprend pas mal les premières fois, et puis on s'y fait... on est juste á coté du boulevard principal de la ville de Niš, et j'ai pu voir ce genre de... véhicule non homologué partout sur les routes Serbes.


Serbie (1) : Нови Сад ( Novi Sad )


Fin Novembre. Passée la frontière, me voici en Serbie. Je me sens peu á peu dépaysé; l'alphabet Cyrillique a fini par remplacer le latin : un détail exotique qui ne me permet plus de déchiffrer ce que je vois autour de moi (je finirai par apprendre assez rapidement comment le lire, sans pour autant être capable de comprendre ce que je lis !).
Au Nord, proche de la frontière, se trouve la région de la Vojvodina, une des "provinces autonomes" de la Serbie. Je me rends tout d'abord á la capitale de la province, Novi Sad, la deuxième plus grande ville Serbe.

Au fil de l'Histoire, le pays a été envahie par beaucoup de peuples et d'empires différents. Les Romains, les Celtes, les Ottomans, les Hongrois, et d'autres encore...

On peut sentir que la culture Serbe est issue d'un mélange complexe, dont le patrimoine serait le fruit d'années de brassage entre les différentes influences reçues au fil des conquêtes, des batailles, des alliances et des belligérances.

Détail amusant, on m'avait présenté les Serbes comme étant fiers, impétueux. Beaux également. Il existe, je crois, une sorte de fantasme concernant ce peuple que j'ai pu ressentir dés la Slovénie. Les femmes seraient les plus attirantes et les plus sensuelles de cette partie du monde, les hommes les plus forts et les plus grands (en ce qui concerne la taille je peux confirmer qu'il n'est pas rare de croiser des gens très grands...).

Comme bien souvent l'écart entre le cliché et la réalité est assez important, ce qui n'empêche pas que cette vision des Serbes participe á une sorte de mythe, un charme qui lui est bien réel dans ce que j'ai ressenti dans le pays...

Bienvenu donc á Novi Sad, capitale de la Vojvodina.


La Forteresse de Petrovaradin, dont les fondations remontent... á l'Age de Pierre. Utilisée par les Celtes, les Romains, les Hongrois, les Ottomans, etc... une position défensive de choix surplombant majestueusement le Danube...

Dans une des rues principales du centre-ville

La cathédrale Sainte Marie, située sur la place Slobode (j'étais étonné : une église catholique sur la place principale, dans un pays á majoritée Orthodoxe...)

Le théatre National Serbe




La banlieue de Novi Sad m'a donné un peu le vertige : de grands boulevards rectilignes tous semblables, de grands immeubles tous semblables avec á leurs pieds des magasins tous semblables... je me suis perdu pour la première fois du voyage... on dit merci a l'architecture soviétique... (heureusement, il y a des couleurs !)

samedi 8 décembre 2012

Mise à jour tardive, et (encore) un peu d'histoire

Je ne suis pas resté longtemps en Croatie, pour plusieurs raisons. La météo n'était pas des plus clémente, c'est certain, et je dois bien avouer : le fait que la police ait interféré entre mes hôtes et moi-même fut un autre facteur. Mais ce n'est pas tout.

Je suppose que parfois, lorsqu'on voyage, certains endroits, certains pays qui vous sont hautement recommandés par les guides et les personnes que vous rencontrez n'ont dans la pratique que peu d'effet sur vous, et á l'opposé il est possible de trouver des temps et des lieux propices á vos divagations de voyageur (plus ou moins excentriques) par un hasard plus ou moins grand, et ce indépendamment d'un quelconque aspect esthétique ou pratique.

Le Théâtre National de Zagreb

Je n'ai pas trouvé en Zagreb réelle raison de m'attarder, malgré l'intérêt évident qu'on peu porter á cette ville. Quelque chose, assez difficilement définissable, m'a fait quitter la ville rapidement, et par force en suivant ma route vers le Sud-Est, m'a fait quitter le pays beaucoup plus promptement que prévu.

Et ce n'est probablement pas la raison principale, mais peut-être dois-je mentionner les deux généraux libérés. A mon arrivée á Zagreb l'histoire, ou peut-être l'Histoire, était sur toutes les lèvres, dans toutes les discussions.

Je vais essayer de faire court même si c'est très difficile. Et moyen rigolo.

Une des guerres principales lorsque l'on fait référence aux "guerres des Balkans" (terme bien vague et vide de sens) est celle entre la Croatie et la Serbie, entre 91 et 95.

Dans les années 90 la Yougoslavie explose donc lors des demandes d'indépendance des différentes nations de la fédération.

En Juin 1991 la Slovénie et la Croatie déclarent leur souverainetés respectives.

La Serbie, dirigée á l'époque par le tristement célèbre Slobodan Milošević, ne reconnaît pas cet état de fait et dans une volonté de préservation de l'unité fédérale (menée également par une volonté nationaliste et expansionniste forte) attaque les pays séparatistes.

La guerre contre la Slovénie fut très courte et je me concentrerai ici sur le conflit Serbo-Croate.

Les forces volontaires Serbes présentent sur le territoire Croate (une forte "diaspora" Serbe s'étant effectuée au fils des siècles) ainsi que les reste de l'armée Yougoslave, la JNA (la majeur partie de ses forces aillant prêté allégeance á la Serbie puisque celle-ci était le centre décisionnaire et militaire de la Yougoslavie) ne reconnaissent absolument pas les désirs d'indépendances et se mettent á combattre les forces nationales Croates, le but tactique étant de conquérir les territoires Croates á plus ou moins forte minorité Serbe, et le but politique visant á mettre fin aux volontés séparatistes par une intervention militaire forte.

Bombardements, affrontements directs, attaques contre les populations civiles, etc... :  la guerre dans sa plus pure essence.

En Janvier 92, les deux parties sont dans l'impasse puisque aucune avancée notable de la situation ne voit le jour. Un cessez-le-feu est déclaré. La RSK, république Serbe de Krajine, auto-proclamée peu de temps avant cette date, possède 1/4 du territoire Croate actuel, dans les zones proches des frontières Bosniaques et Serbes.

De la date du cessez-le-feu á la fin du conflit, le 12 Novembre 1995, les affrontements se feront de manières plus sporadiques (sous la "surveillance" des Casques Bleus... assistants aux tensions plus que palpables entre les populations) pour finalement s'achever avec deux opérations militaires majeures de l'armée Croate, les opérations Eclair et Tempête qui mirent un terme á l'existence de la RSK en "déplaçant" de force les populations Serbes présentent sur le territoire... notez les guillemets, j'ai entendu tellement de sons de cloches différents...

Les estimations des pertes varient énormément selon les sources, mais est fixé á 20 000 morts pour les 2 camps. S'ajoutent plus de 300 000 réfugiés aillant plus ou moins volontairement fui les zones d'affrontements, des destructions matérielles énormes sur le territoire Croate (la ville de Vukovar, par exemple, proche de la frontière Serbe, fut totalement dévastée) et l'effondrement évident des économies des pays belligérants (ça coûte cher de détruire et de tuer), on comprend que l'impact du conflit, encore aujourd'hui, peut se faire ressentir dans la rue et dans les conversations...

De terribles choses se sont passées. Et quand tant de souffrance est produite, le pardon est une notion parfois difficile á aborder et á construire.
Mais dans l'immense majorité que j'ai rencontré les gens de ma génération sont fatigués et veulent passer á autre chose, dans les mentalités et dans les relations avec les autres pays. Tous reconnaissent l'ineptie d'un tel conflit, qu'ils soient Serbes ou Croates.

Stigmates encore visibles dans la ville Croate d'Osijek






Je ne parlerai pas de la guerre de Bosnie. Ni même de celle du Kosovo. Parce que moi aussi je suis fatigué je crois. Et s'il est important de discuter et d'apprendre ce qui s'est passé, il est aussi bon de savoir faire table rase de la gravité passée pour profiter de l'instant présent.


Pourquoi je parle de tout ça maintenant ? Le 16 Novembre le Tribunal International a donc relâché Ante Gotovina et Mladen Markac, deux généraux en partie en charge des opérations Eclair et Tempête. Ce que j'ai vu : des drapeaux croates agités frénétiquement, des hommes en treillis se congratulant dans la rue, les photos des généraux avec le mot "héros" PARTOUT (absolument partout), des cérémonies religieuses á la gloire des militaires et les médias relayant le tout avec assiduité.

Criminels de guerre, héros de l'indépendance, militaires exécutant les ordres, je dois bien avouer que l'étiquette qu'on leur colle m'importe peu. Qui suis-je pour savoir ce qu'ils ont fait ou pas.

Je sais juste que le cocktail "nationalisme-militarisme-religion-médias" est un de ceux qui a le plus nuit aux hommes depuis bien longtemps.

Allez, promis, je parle de choses plus légeres á partir de maintenant.
Prochaine étape : la Serbie. Et j'ai pas oublié, l'article sur la gastronomie des Balkans arrive !